Voilà quinze ans que notre petite famille prend ses vacances à bicyclette. Loire, Danube, Norvège, Gers, nos étés se partagent entre grand pignon et petits plaisirs. On s’offre un bout de route ensemble ?
À la base, on est des randonneurs, la phrase est devenue culte dans la famille. Immortalisée par une équipe de France 3 Pays de la Loire, elle lançait en fanfare un reportage impromptu sur nos slow vacances de l’été 2008 (vu par 52 téléspectateurs dont 48 cousins). Sur fond de carriole, de rillons, de Selles-sur-Cher et de vélos de toutes les tailles, nous nous retrouvons à deviser avec les journalistes sur le pourquoi de nos vacances à bicyclette. Cet été-là, nous n’en étions qu’à notre deuxième édition, j’étais enceinte de 4 mois de notre troisième enfant, les aînés ayant respectivement 4 et 6 ans…
À la base donc, nous sommes des randonneurs, plus proches de Stevenson que de Lance Amstrong. Mais voilà, les enfants trop lourds pour être portés ou trop petits pour marcher nous ont détournés des sentiers de grande randonnée pour nous mener sur les véloroutes. Ils ont bien fait. Les lacets des petites sentes de campagne ont remplacé ceux de nos godillots. Aujourd’hui, le vélo est notre dope, impossible de nous en passer. Voici quelques-uns des ingrédients de notre EPO bio.
L’itinéraire
Ah l’itinéraire ! Le programme de tout un hiver pour mon compagnon de route (et bien plus encore) qui passe des heures à le préparer, furetant sur les forums, les blogs, les sites de cyclotourisme, surfant parmi les conseils et bons plans. La première année, le trajet choisi était pratico-pratique. Nous avions deux fêtes à 6 jours d’intervalle, l’une à Toulouse, l’autre à Biarritz. Soit 296 kilomètres. 49,33 par jour : les doigts dans le nez sur le papier ! Le nez dans le guidon 9 heures par jour en réalité. En effet, nous avions omis trois détails en envisageant cette traversée : le relief (le Gers, ça grimpe un max), le vent (qui souffle le plus souvent d’ouest en est, on l’a donc eu en pleine face pendant une semaine) et le frottement cinétique (quand tu traînes deux enfants dans une carriole, tu divises par 8 ta vitesse moyenne et tu te tapes toutes les côtes à pied).
Les années suivantes, nous avons donc suivi les fleuves et respecté scrupuleusement des étapes de 45 à 65 kilomètres : la Loire (le classique Tours-Saint-Nazaire), le Danube (Passau-Budapest, 650 kilomètres), le canal du Midi (ses écluses et ses platanes), le littoral (Biarritz-la Rochelle) puis au fil des années nous avons retenté quelques dénivelés en commençant par un tour de la Bretagne, l’Ombrie pour finir sur la Norvège sublissime.
Le matériel
Ça c’est mon rayon : préparer les montures chaque année en s’adaptant aux nouvelles mensurations des enfants. Lorsque nous n’en avions que deux et qu’ils étaient petits (et si mignons), nous partions avec nos deux vélos de ville, nos trois vitesses et chacun un siège bébé. Pour dormir ? Une même tente pour tout le monde, quatre duvets, zéro tapis de sol (on était jeunes) le tout bien calé dans la carriole pour en faire un nid pour les enfants. Pas de popote ni de réchaud, le pique-nique et la mauvaise pizza au camping faisaient (et font toujours) partie du périple.
Pas de popote ni de réchaud, le pique-nique et la mauvaise pizza au camping font partie du périple.