Et si les « vieux » étaient représentés autrement que par des chiffres désincarnés sur des graphiques au JT du 20h ? C’est le défi de Clément et Julia qui font un tour du monde pour parler, et surtout faire parler, la vieillesse différemment !
Bonjour Clément, Julia, c’était quoi votre vie avant ce tour du monde ?
Clément : Avant de me lancer dans le projet, j’ai travaillé pendant trois ans chez Fabernovel comme consultant en innovation.
Julia : J’ai un parcours un peu différent de Clément : j’ai fait une école de commerce puis je suis devenue journaliste, notamment au « Plus », la rubrique « témoignages » de l’OBS.
Pourquoi faire un tour du monde des initiatives qui changent notre regard sur les personnes âgées ?
Julia : D’un point de vue journalistique j’avais envie de tester de nouveaux formats à la fois plus fouillés et plus innovants. Ensuite, je suis hyper proche de mes grands-parents. J’ai une vision positive de la vieillesse qui n’est pas celle véhiculée par la société.
Je me suis d’abord intéressée au sujet à travers des discussions avec des amis d’origines différentes. L’un d’entre eux me parlait de la manière dont il s’occupait de sa grand-mère algérienne. Il trouvait ça choquant d’embaucher des aides à domicile pour prendre soin de nos personnes-âgées.
Clément : Le sujet du vieillissement de la population résonne aussi avec mon expérience personnelle. Ma grand-mère était malade d’Alzeihmer. Malgré sa maladie, j’ai pu vivre avec elle des moments très riches, très intenses, que j’ai sentis en décalage avec l’image qu’on donne habituellement de la vieillesse. La directrice de la maison de retraite dans laquelle se trouvait ma grand-mère m’a expliqué que toutes les familles n’avaient pas la chance de rester soudées lorsque leurs parents âgés entrent en institution. En créant Oldyssey, j’ai voulu montrer qu’entretenir le lien peut nous enrichir mutuellement ».
Comment parler différemment de la vieillesse ?
Clément : Les grands médias ont l’habitude de parler de manière déshumanisée des personnes âgées, sous l’angle de chiffres comme leur pourcentage dans la population. En réalité, on ne leur donne pas souvent la parole.
La première motivation de notre projet est donc de les rendre visibles, de les laisser parler d’amitié, d’amour pour sortir des préjugés.
La transition démographique, qui va transformer profondément notre rapport au vieillissement. Il faut notamment mettre en avant des solutions autour de l’adaptation des logements, des territoires, pour que les personnes âgées restent autonomes le plus longtemps possible.
Vous commencez votre tour au Japon et en Chine, des pays qui ont un rapport aux personnes âgées très différent de celui qu’on a en France…
Julia : Au Japon on a la chance d’aller voir une vieille entrepreneuse de 80 ans, Masue Katayama. Elle a récupéré des dortoirs abandonnés pour en faire des maisons de retraite à prix abordable avec des normes de bien-être élevées.
Masue Katayama emploie des infirmiers et aides-soignants asiatiques, mais pas de Japonais. Au Japon il y a une grosse discrimination à la fois envers cette classe de travailleurs et les immigrés. Du coup, cela permet de créer du lien social entre deux classes de population isolées.
Clément : En Chine, il existe 60 000 universités destinées au troisième âge développées par l’État chinois. On va visiter l’une d’entre elles. Là-bas les personnes âgées peuvent pratiquer de nombreuses activités culturelles et sportives. Elles peuvent ainsi monter en compétence et s’investir dans le tissu associatif local.
Julia : On va aussi voir deux personnes en Chine qui produisent une émission intitulée « La vieille Pékinoise a quelque chose à dire ». Le concept, comme son nom l’indique, est de donner la parole à des vieilles Pékinoises sur des sujets d’actualité.
Comment avez-vous trouvé ces projets ?
Clément & Julia : On les a sélectionnés en partie grâce à la base de données d’Ashoka, mais aussi en faisant des recherches, en sollicitant le réseau Makesense, en parlant à des sociologues… Et tout bêtement sur Internet, grâce à des articles existants. Par exemple le Japan Times publie en anglais et on y trouve plein d’initiatives encore inconnues en France.
Pour participer à leur campagne de crowdfunding c’est par ici !
Leur première vidéo tournée en France montre deux univers qui n’ont pas l’habitude de se confronter : la maison de retraite et la musique techno !
– Portraits de personnes âgées (format « Vieillir à »), pour illustrer la place qu’elles occupent dans cette région du monde et ce qu’elles attendent de la société.
– Regards croisés (format « Questions de générations ») pour confronter les points de vues des personnes âgées à ceux des jeunes qui les entourent.
– Reportages sur les solutions concrètes dans le pays pour rapprocher les générations (format « Ils font »).