Il est temps que nos poubelles adoptent le summer body. Parce qu’avec 568 kilos de déchets par an et par personne, elles frôlent l’obésité. Pour éviter que nos ordures partent en fumée ou dégazent dans les décharges, on met nos poubelles au régime bas carbone avant l’été. Hop hop hop, c’est parti.
Consommation à la diète
Si tu demandes à une personne qui a volontairement perdu du poids son secret, 9 fois sur 10, elle te répondra qu’elle a juste mangé moins. Un genre de lapalissade ou d’évidence mathématique. Pour les déchets c’est pareil, moins tu en produis, moins tu en jettes, moins tu rejettes de gaz à effet de serre. Si l’équation paraît évidente, dans les faits, on est loin du compte. En France, la production de déchets a doublé en quarante ans, la courbe étant directement liée à celle de la consommation. En effet, chaque foyer possède en moyenne 99 appareils électriques et électroniques, 70% de notre garde-robe n’est jamais portée et 75 000 tonnes de jouets finissent à la poubelle chaque année. Bref ça déborde de partout et la façon la plus simple de faire baisser la pression est de mettre sa consommation à la diète.
Ta mission si tu l’acceptes : préserver les ressources de la planète en essayant d’acheter le moins possible d’objets neufs. Parce que qui dit objet dit matières premières pour le produire dit énergies pour les extraire et les transformer. Tu savais que pour fabriquer
une bouteille d’eau en plastique
il fallait 100 ml de pétrole, 80 g de charbon, 42 litres de gaz et 2 litres d’eau ? Bref, pour faire baisser la facture, il y a plusieurs pistes possibles. D’abord te poser la question de savoir si tu as vraiment besoin de cet objet. Ce presse-citron électrique c’est absolument nécessaire ? S’il t’est indispensable, tu peux sans doute l’acheter d’occasion sur le boncoin.fr, label-emmaus.co, dans des ressourceries ou des brocantes… Tu peux aussi le louer (sur Zilok, il y a 350 000 objets en location entre particuliers ou professionnels) ou même te le faire prêter. Tu as pensé à demander à tes voisin·es s’ils en avaient un ?
Le bon plan : l’association Zero Waste France a lancé le défi Rien de neuf en 2018, édité un guide sur le sujet et créé un site Web pour t’accompagner. Une mine d’infos pour te lancer dans ta dé-consommation :
Un lave-linge dégage en moyenne 50 kilos de CO2 par an pendant toute sa vie.
Le jeûne de l’emballage
Voilà pour les objets, passons désormais à un autre responsable de la débauche carbone : les emballages. Et dans cette catégorie, il y a tous ceux à base de dérivés du pétrole, comme le plastique, qui consomment de l’énergie lors de leur fabrication et dont 50% ne sont pas recyclables (25% pour cause d’absence de filières ou de débouchés et 25% qui ne sont techniquement pas recyclables). Mais le plastique n’est pas le seul boulet, dans la catégorie cancres, les barquettes alimentaires en aluminium pètent tous les scores. En plus de demander une énergie de dingo pour extraire la bauxite et la transformer en alumine, le procédé émet des perfluorocarbures, notamment du CF4 dont le potentiel de réchauffement de la planète est 6 500 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone, mais aussi du dioxyde de soufre responsable des pluies acides. La bonne nouvelle c’est qu'un kilo d’emballage plastique évité, c’est un kilo d’émissions de gaz à effet de serre en moins. Tu vois ce qu’il te reste à faire ?
Ta mission si tu l’acceptes : acheter le moins emballé possible, ce qui en d’autres termes signifie préférer le vrac. Si l’exercice était galère en 2008, aujourd’hui les espaces vrac dans les magasins (il existe même des supermarchés entiers et des drives, genre le Drive tout nu) se multiplient partout. Le vrac c’est simple, il défie la crise. Son chiffre d’affaires a augmenté de plus de 40% en 2020 pour dépasser le milliard d’euros. Sur la carte de Zero Waste France, tu trouveras une liste des commerces qui proposent la formule. Tu peux aussi apporter tes propres contenants chez les traiteurs et les restaurateurs. Certains sont déjà repérés par le réseau Zero Waste France. Tu pourras les identifier grâce au petit autocollant qui indique sur la vitrine : Ici sacs à vrac et boîtes propres acceptées. Mais tu peux aussi lancer la tendance en convaincant d’autres commerçants, depuis la loi anti-gaspillage du 10 février 2020 on ne peut pas te refuser de te servir dans le contenant que tu auras apporté.
Le bon plan : la consigne revient en force et c’est une bonne nouvelle parce que la fabrication d’une tonne de verre nécessite 105 litres de fioul ! Et quand on y pense une bouteille en verre recyclée c’est quand même une bouteille qu’on a brisée menu puis fait fondre pour en recréer une nouvelle. Bref, regarde s’il n’y a pas des options consignes dans les boutiques près de chez toi. Les initiatives s’appellent Bout’ à Bout’, Ma bouteille s’appelle reviens, Jean Bouteille ou Consilyon. Entre autres... Si tu as des doutes sur les bienfaits de la consigne, le Réseau Consigne répondra sans doute à tes questions sur sa FAQ.
La Commission européenne estime que la production et l’incinération du plastique sont responsables de l’émission de 400 millions de tonnes de CO2 dans le monde chaque année, autant que les émissions annuelles de la France tous secteurs confondus.
Compostage à tous les repas
Sais-tu quelle est la part de ta poubelle consacrée aux biodéchets (les résidus de cuisine, les restes alimentaires, les déchets verts du jardin) ? Un tiers ! Folie, non ? D’autant que ces déchets-là sont remplis de flotte. Alors faire brûler de l’eau dans un incinérateur, tu conviendras que c’est un peu ballot. “Comme pour les autres types de déchets, la priorité numéro 1 reste bien sûr la lutte contre le gaspillage, pour s’assurer que ne terminent à la poubelle que les biodéchets inévitables,” explique Aurélien Dumont de Zero Waste France. Pour ces derniers, il faut s’assurer de leur tri séparé afin qu’ils puissent être valorisés via du compostage ou de la méthanisation. À la clé : une diminution importante du poids de nos déchets, mais aussi d’autres bénéfices kisscool comme l’amélioration de la santé des sols, la captation du carbone, la production d’énergie (grâce à la méthanisation).
Ta mission si tu l’acceptes : te mettre au compostage et c’est possible même si tu n’as pas de jardin. L’idée est de transformer tes épluchures en super terreau pour tes plantes, avec ou sans l’aide de vers de terre. L'AmiTerre a développé un dispositif de mini lombricomposteurs que l'on peut directement installer dans une plante. Cette solution permet (pour un pot de 20 cm de diamètre) de traiter 4 kg de déchets et d’économiser 24 litres d’eau par an. Même idée chez Transfarmers qui a imaginé un pot de fleurs-composteur. Si tu as la chance d’avoir un petit balcon ou un rebord de fenêtre, Compost urbain a designé des petits silos de moins d'un kilo qui permettent de composter absolument partout. Tu sais planter un clou ? Lance-toi dans la construction de ton propre compost ou lombricompost. Tes nouveaux amis les lombrics te fabriqueront un super engrais naturel que tu pourras offrir à Noël. C’est tellement un cadeau 2021.
Le bon plan : Pour encourager le développement du tri des biodéchets, Zero Waste France a rassemblé sur le site Biodechets.org des informations, ressources, références réglementaires et initiatives inspirantes. Comment créer un compost de quartier ? Comment s’occuper d’un lombricomposteur ? Quelles actions pédagogiques mettre en œuvre dans une école ? Le site est conçu comme un portail pour répondre à toutes ces questions et faciliter le passage à l’action de tous et toutes : citoyens, décideurs politiques, entrepreneurs et entreprises.
32% de nos déchets sont incinérés (et produisent ainsi du CO2), 26% sont mis en décharge (et relarguent du méthane au pouvoir 25 fois plus réchauffant que le CO2, sans parler de la pollution des sols), 26% sont recyclés et 16% compostés.