« Entreprendre en couple, ça se cadre, et même trois fois plus que dans une autre boîte. »

« Entreprendre en couple, ça se cadre, et même trois fois plus que dans une autre boîte. »

Le Drive tout nu ou l’art de démocratiser l’accès à une alimentation saine pour tous et toutes. Retour sur cette aventure entrepreneuriale !
14 March 2023
3 minutes de lecture

Salomé Géraud vient de recevoir le prix de l’entrepreneur environnemental et social du BCG pour le projet qu’elle a monté avec son mari :  Le Drive tout nu ou l’art de démocratiser l’accès à une alimentation saine pour tous et toutes. Elle revient sur cette aventure entrepreneuriale et familiale.

Ils sont mari et femme, père et mère, associé et associée. Salomé et Pierre Géraud ont monté Le Drive tout nu, un drive zéro déchet en couple il y a cinq ans et cadré leur collaboration pour ne jamais avoir à le regretter. « Avant le Drive tout nu, je bossais dans le secteur médico-social, explique Salomé, Pierre était dans l’export de produits de stérilisation. À titre personnel, on était très concernés par la question du zéro déchet et on avait cette petite voix en nous qui disait, un jour on va lancer un concept autour du sujet. »

La suite tient en un pari. Le couple postule pour le parcours entrepreneurs de six mois de Ticket for Change. « On s’est dit que si on était sélectionnés on lâchait tout.  » C’est chose faite fin 2017, Pierre et Salomé quittent leurs CDI respectifs et se lancent corps et âme dans cette nouvelle forme de supermarché. 

«  On avait peu d’économies, on a bénéficié de ruptures conventionnelles grâce à Pôle emploi, l’un des meilleurs business angels de France. On a dédramatisé, c’était mesurément risqué, on n’avait pas d’enfants et on s’est donné deux ans pour que ça marche. C’est un bon doseur d’avoir des échéances. Ça te met un peu le feu aux fesses car sinon tu peux passer ta vie à te faire accompagner. » 

Entreprendre en couple, la bonne idée ?

Dans la tête de Pierre et Salomé, entreprendre en couple est une aventure excitante. La première journée chez Ticket ressemble à une douche froide. Arnaud Poissonnier, le fondateur de Babyloan, met en garde l’assistance sur les risques d’entreprendre en couple. 

« Nous, on se mariait trois semaines après. À la fin de l’atelier, on est allés le voir pour comprendre ce qui avait foiré. Par la suite, on a pris le temps d’échanger avec plein d’autres entrepreneurs qui ont entrepris en couple. On en a fait une affaire et on a construit une charte qui évolue au fil du temps. Entreprendre en couple, ça te motive à ce que tout se passe bien, sinon tu perds tout, ta boîte et ta famille. » 

Dans la charte maison, les domaines de compétences et de souveraineté sont bien identifiés. « S’il y a un débat, c’est celui de nous deux qui a la compétence qui tranche. » Question hiérarchie, il n’y en a pas. « Pour le nombre de parts, les avocats nous ont conseillé de ne pas partir sur 50/50 parce que ça inquiète les financeurs. On a donc tiré à pile ou face. Pierre avait 51 %, moi 49 %, c’est le pur hasard. Dans les faits et dans le pacte d’associés, on est vraiment à égalité. » 

Règles du jeu 

La charte délimite également les domaines perso et pro. « On ne doit pas parler avant et après une certaine heure du Drive tout nu. Le sujet est non grata au petit-déjeuner, dans l’espace de vie, au dîner. » Le couple a également choisi de ne pas travailler au même endroit, de prendre de vraies vacances, de se garder au moins un jour dans le week-end… Depuis le début de l’aventure, Pierre et Salomé ont eu deux enfants. « Parfois on les trimballe avec nous, parfois il faut les confier, ça demande des sacrifices mais ça te donne aussi une vraie souplesse. En revanche, il ne faut pas penser qu’avec deux enfants, tu vas encore pouvoir bosser 70 heures par semaine. Il faut clairement s’adapter un peu à eux, au moins momentanément pour l’un de nous deux et accepter de ralentir. »