Le 6 décembre 2022, nous recevions Timothée Parrique, lauréat 2022 du Prix de thèse de la Fondation Terre Solidaire avec « The political economy of degrowth » et auteur de l'essai « Ralentir ou périr : l'économie de la décroissance ». Extraits d’une conférence où l’économie n’a jamais autant passionné les foules.
La décroissance, libératrice d’un consumérisme nocif ?
Dernier intervenant du cycle de conférences « Penser autrement la place de l’économie » organisée par Fondation Terre Solidaire, en partenariat avec Revue Projet et makesense, le jeune économiste Timothée Parrique a développé une approche économique pour le moins avant-gardiste : la décroissance. Un cheminement qui soulève des questions d’actualité : comment ralentir la croissance peut nous faire sortir d'un capitalisme à bout de souffle et nous aider à tendre vers un modèle économique plus respectueux de la planète et du bien-être ? Peut-on vraiment cesser de produire et comment ? Coup de projecteur sur deux ou trois idées qui valent le détour.
Croissance, je te quitte
Le chercheur en économie annonce de suite la couleur : devant l'urgence écologique mondiale actuelle, l'heure n'est plus à la croissance verte, mais à la décroissance tout court ! Une consommation responsable apparaît insuffisante, c'est notre modèle économique tout entier qu’il faut repenser. Alors exit le capitalisme, la surproduction et place à la revalorisation de l'utilité sociale. En effet, devant le niveau de confort et de progrès atteint par nos sociétés modernes, la croissance est devenue inutile, et même nocive. Explications.
Consumérisme quand tu nous tiens
Pour Timothée Parrique, la consommation poussée à l'extrême a fini par nuire à nos vies : concurrence matérielle, exclusion, solitude, individualisme, repli sur soi, etc. Le docteur en économie nous rassure, la compétition fait partie intégrante de la vie. On la retrouve dans les études, le travail, les relations sociales, amoureuses, etc. Cependant, ce dernier s'interroge sur l'intérêt d’une course au prestige matériel. A-t-on vraiment besoin d’acheter le nouvel iPhone tous les ans ? Ne pourrait-on pas, aujourd’hui, se faire concurrence sur la qualité de nos biens, plutôt que sur leur valeur marchande ? Une réflexion rafraîchissante qui fait écho à son projet écologique, économique et social illustré en deux points ci-dessous.
Soyons solidaires avec le partage mondial d’un même budget carbone
La démarche consiste à ce que tous les pays se mettent d’accord sur des seuils limites de pollution à ne pas dépasser. Les plus impactants d’entre eux devront s’engager à restreindre leur consommation. À ceux qui prétendent qu’arrêter la production porterait préjudice aux pays les moins développés, Timothée Parrique répond que c'est un faux problème : l'achat de matières premières à bas coût, cause du tort à ces pays, en plus de leur provoquer des dégâts écologiques colossaux. Il nous faut rétablir une égalité économique et écologique.
Retrouvons notre intelligence collective avec la « démarchandisation »
L'idée ici consiste à trouver des alternatives à la consommation au sens où on l’entend de nos jours. Il s'agit de s'organiser collectivement au nom du bien commun. L'auteur de « Ralentir ou périr » propose par exemple :
- Le remplacement des supermarchés par des coopératives qui seront gérées à plusieurs et feront la promotion de produits de qualité (fabrication éco-responsable, utilisation de circuits courts, distribution et achat local, etc.).
- La suppression de la publicité, qui est très lucrative, et son réinvestissement dans des domaines utiles à tous tels que l'éducation, les transports, l'alimentation, la santé, etc.
Mais ce n’est pas tout. Vous trouverez dans le replay de la rencontre et dans son livre plein d’autres suggestions et réflexions. À consommer sans modération.