Du 1er au 12 novembre 2021 se tiendra la COP 26 sous la pluie fine de Glasgow en Écosse. Qu’est-ce qui s’y trame, quels sont les enjeux, que faut-il en attendre ? Résumé du résumé du réseau Action climat.
Avant de nous lancer dans le vif du sujet, révisons un peu nos classiques. La COP qui n’a rien à voir avec la police américaine, est l’acronyme de la Conférence des parties. L’idée est née en 1992 à Rio lorsque 178 pays se réunissent au Sommet de la Terre et décident de prendre collectivement en main leur destin. Ils signent alors la Déclaration de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement qui contient une convention sur le climat. Ils s’engagent alors à se retrouver chaque année dans une ville différente pour trouver des solutions concrètes pour lutter contre le changement climatique. Une sorte de cousinade où l’on parle pergélisol et gaz à effet de serre. Le rendez-vous est pris.
Crédit : Jeanne Launay
C’est chaud, très chaud !
29 ans plus tard, nous voilà à l’aube de la 26e COP. La première s’étant tenue en 1995 à Berlin, l’année 2001 ayant eu droit à deux éditions et 2020 aucune, covid oblige, le compte est bon. Cette année, les enjeux sont plutôt costauds. On vient de se prendre le dernier rapport du GIEC dans la face (et c’est pas la fête), l’Allemagne et la Belgique ont passé l’été avec de l’eau jusqu’au cou pendant que Californie, Turquie, Grèce, Algérie, Sibérie étaient sous les flammes. L’accord de Paris pris en 2015 avait fixé le réchauffement climatique à +1,5°C d’ici la fin du siècle, on en est aujourd’hui à +1,1°C et les objectifs actuels de réduction d’émissions des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre nous amènent tranquillement à +2,7°C en 2100 si on ne change pas les trajectoires.
1,5°C c’est encore jouable ?
Voilà l’enjeu principal de cette COP, se regarder dans la glace, tenir les engagements pris il y a 6 ans à Paris pour ne pas faire grimper la température au-delà des 1,5°C. Pour y parvenir, le GIEC (le groupe d’experts du monde entier sur le climat) a préconisé de réduire de 45% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Pour le moment, on est carrément aux fraises. Selon le dernier rapport de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui se base sur les objectifs de réduction d’émissions de gaz officiellement déclarés, les émissions ne devraient connaître une baisse que de 12% d’ici à 2030 par rapport à 2010. Le compte n’est pas du tout bon. Rappelons qu’en cette veille de COP, on attend toujours les plans de réduction d’émissions de 78 pays parmi lesquels la Chine, l’Inde, l’Arabie Saoudite et la Turquie. Quant à la Russie, l’Australie, le Mexique, le Brésil et l’Indonésie, leurs plans déjà soumis ne sont pas du tout dans les clous, ils régressent par rapport aux plans transmis lors de la COP21. Un pas en avant, deux pas en arrière ? “Tout est encore jouable,” précisent les experts du Réseau action climat.
Crédit Jeanne Launay
Une promesse, quelle promesse ?
Il y a un truc qui s’appelle la justice climatique et le sujet sera central cette année à Glasgow. En gros, il s’agit de faire passer à la caisse ceux qui émettent le plus pour dédommager ceux qui n’ont rien demandé. Vu que les pays développés sont nettement plus émetteurs de gaz à effet de serre que ceux en développement (un Qatari émet un peu plus de 37 tonnes équivalent CO2 par an alors qu’un Congolais seulement 0,04 tonnes), il était convenu en 2009 que les pays du nord financent l’action climatique des pays du sud pour les aider à entamer leur transition énergétique. La somme votée était de 100 milliards chaque année. La réalité est, qu’en 2019, il manquait non seulement 20 milliards de dollars mais en plus que la cagnotte a surtout financé des programmes d’atténuation (75% des financements) et non d’adaptation. C’est-à-dire ? Prenons l’exemple de l’aviation. Atténuer ça pourrait vouloir dire optimiser les flux aériens pour faire baisser la production de gaz à effet de serre. Adapter, en revanche, ce serait prendre en compte l’élévation du niveau de la mer et ne plus construire d’aéroports sur les zones côtières. Bon dans tous les cas, mieux vaut prendre le train. Bonne nouvelle quand même, les États-Unis ont annoncé le doublement de leurs financements d’ici 2024 et la Nouvelle Zélande s’est très récemment engagée à faire x4. Il y a de l’espoir.
On révolutionne la finance ?
Un des enjeux de cette COP sera aussi de soigner la bipolarité des chefs d'État du G20 (pas le supermarché, l’autre) qui, depuis la signature de l'accord de Paris ont alloué 3 fois plus de financements publics aux énergies fossiles qu' aux énergies renouvelables. L’Hexagone fait figure de championne en la matière (on préfère décrocher la médaille d’or de judo ou d’aviron). Les grandes banques françaises ont depuis 2015 doublé leurs financements aux énergies fossiles. En 2020, la Place financière française s’est même hissée au rang de 1er financeur d’Europe des énergies fossiles, dépassant celle de Londres et les banques britanniques. Cocorico ! « La France doit se saisir des échéances du climate finance day et de la COP 26 pour exiger et garantir des acteurs financiers privés la fin de tout soutien à l’expansion pétrolière et gazière, » expliquent les représentants du Réseau action climat. BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Natixis, Crédit mutuel, faut qu’on se parle !
Du 1er au 12 novembre, il sera aussi question de revoir l’article 6 de l’accord de Paris, celui consacré au fonctionnement des marchés carbone qui permettent d’échanger des crédits CO2 entre pays, les COP 24 et 25 n’ayant pas réussi à mettre tout le monde d’accord sur le sujet. On parlera aussi du calendrier commun des 5 prochaines années pour les 196 pays représentés, Joe Biden sera là pour la première fois, Vladimir Poutine ne viendra pas et les membres de la société civile des pays du Sud seront peut-être absents faute de vaccin. Quant aux scoops et aux bonnes surprises, on les attend avec impatience. Imagine, si la Chine annonce la fin des usines à charbon. I have a dream...