10 chiffres sur la précarité alimentaire

10 chiffres sur la précarité alimentaire

On aimerait se dire qu’en 2024 tout le monde mange à sa faim. C’est pourtant loin d’être le cas. Palmarès de chiffres qui coupent définitivement l’appétit.
05 January 2024
par Vianney Louvet
4 minutes de lecture

“Nous avons autant besoin de raisons de vivre que de quoi vivre.” Vous reconnaîtrez peut-être le sens de la punchline d’un certain Henri Grouès, alias l’abbé Pierre. Se poser des questions existentielles est un luxe qui demande du temps, un toit et une assiette pleine. Un luxe auquel de moins en moins de personnes ont accès ? En France ? Arrête. C’est fou mais la réalité est là. Voici 10 chiffres sur la précarité alimentaire, 10 chiffres qui sont autant de symptômes d’un dysfonctionnement systémique dans notre pays (et ailleurs).


7 millions de personnes concernées par l’aide alimentaire


Le chiffre est avancé par le COCOLUPA - le Comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire - et date de 2020. Sur ces 7 millions de personnes, le réseau des Banques Alimentaires permet d’en aider 2,4 millions de personnes.

De 12 à 16%. En 2022, la progression de la précarité alimentaire est fulgurante


Entre juillet et novembre 2022, le pourcentage de la population touchée par la précarité alimentaire est passe de 12% à 16%. Autrement dit, un Français sur six ne mange pas à sa faim aujourd’hui selon le Credoc, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie. Dingue. En comparaison, elle a augmenté de 3% entre 2016 et 2022… Avec un autre angle, le nombre de personnes se tournant vers les banques alimentaires a triplé en 10 ans (de 820 000 en 2011 à 2,4 millions en 2022). 


Un tiers de nouveaux bénéficiaires en 2022


L’année 2022 a été particulièrement douloureuse. Durant cette année, on relève que plus d'un tiers des personnes se rendant dans les structures d'aide alimentaire sont de nouvelles bénéficiaires (d’après une enquête que le réseau des banques alimentaires réalise tous les deux ans, dans l’édition publiée le 20 mars 2022). Ajoutons que cette précarité touche 24 % des moins de 40 ans. Les jeunes sont en première ligne : le chiffre est moindre chez les 50-59 ans (17%).


45% de la population dit ne pas manger assez bien en 2022


On appelle cela l’insuffisance alimentaire qualitative. 45% de la population déclare avoir assez à manger mais pas toujours les aliments qu’elle souhaiterait. Autrement dit, 45% de la population se restreint sur ses dépenses alimentaires et perd en qualité nutritive. Cela concernait 42% des français et françaises en 2016. Ce chiffre avait furtivement chuté à 22% pendant les épisodes de confinement entre 2020 et 2021.


16% d’inflation sur les produits alimentaires en mars 2023 


Le chiffre nous vient là encore du Credoc. Si la précarité alimentaire a peu changé jusqu’en 2021, c’est certainement lié au fait que l’inflation est restée inférieure à 2%. Et puis à partir de décembre 2021, tout augmente. L’inflation est chiffrée à 5,7 % sur un an pour l’ensemble des produits. Et comme un loyer d’appartement ne peut pas être diminué, c’est notre assiette qui fait tampon. Ainsi 41% des ménages disent dépenser moins sur l’alimentation. A noter que ce sont les premiers prix subissent l’inflation la plus forte. 


1 personne sur 2 dans le besoin n’a pas recours à l’aide alimentaire 


C’est avec l’université de Bordeaux que le Credoc nous apprend cela. Malgré l’inflation, malgré le contexte, la moitié des gens qui ont faim en France ne profitent pas - n’osent pas ? - avoir recours à l’aide alimentaire quelle qu’elle soit (Restos du cœur, du Secours populaire, d’Emmaüs, d’une épicerie solidaire ou autre). Cela fait réfléchir. Quelle sensation de se rendre dans ces lieux ? Quel lien au regard des autres ? Quelle frontière est ainsi tracée entre les “pauvres” et les “autres” ?

22% des personnes en mauvaise santé ont faim

Le cumul des difficultés est aussi à souligner. 22% des personnes malades, en mauvaise santé ou souffrant d’un handicap manquent de nourriture. Contre seulement 12% de gens “en bonne santé”. De même, 26% des personnes isolées manquent de nourriture, contre 14% des autres. 


Seuls 17% des bénéficiaires des banques alimentaires ont un emploi. 


C'est cette absence d'emploi qui est la principale cause avancée lorsqu'une demande d'aide alimentaire est faite. Devant la maladie - raison évoquée par 23 % des bénéficiaires - puis la séparation ou le divorce (21 %).  


60% des personnes accueillies par les banques alimentaires vivent en zones périurbaines ou à la campagne. 

Toujours selon l'édition 2022 de l'enquête que le réseau des banques alimentaires réalise tous les deux ans. La France rurale et périurbaine est donc plus touchée.


2/3 des personnes interrogées par les banques alimentaires disent qu'elles ne "pourraient pas se passer" de l'aide alimentaire aujourd'hui. 


Cela représente 15% de hausse en deux ans. Ce niveau de dépendance des bénéficiaires devrait continuer d’augmenter au vu du contexte en cette fin d’année 2023.