Ils sont au moins deux ou trois par classe et Cantoo entend bien leur faciliter la vie. Pour que les enfants dys puissent poursuivre leur scolarité avec soutien, confort et sérénité, l’entreprise a développé des outils numériques reconnus par les professionnels. Objectif ? L’égalité des chances !
Devinette. Albert Einstein, l’un des plus grands scientifiques du XXe siècle et Léa, la petite brunette du fond de la classe, ont deux points communs, lesquels ? Ils sont nés le 14 mars et ils sont dyslexiques, c’est-à-dire qu’ils souffrent de vrais troubles d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Le premier a marqué l’histoire avec sa théorie de la relativité. La seconde vit beaucoup mieux sa scolarité depuis qu’elle a sa boîte à outils numériques Cantoo Scribe.
« 8 à 12% de la population mondiale serait touchée par un trouble de l’apprentissage, témoigne Minashe Selvam co-fondatrice de Cantoo avec François Billioud, or 50% des échecs scolaires sont liés à ces troubles. C’est pourquoi on a eu envie de se pencher sur ces troubles invisibles pour donner à tous les élèves les mêmes chances de réussir, avec ou sans handicap. »
L'équipe Cantoo
Cas d’école
Pour les deux entrepreneurs, l’histoire commence en 2009, alors qu’ils sont encore sur les bancs de Centrale Lille. À l’occasion d’un projet étudiant, un éducateur spécialisé leur expose les problèmes rencontrés par les enfants porteurs de handicap, notamment pour l’apprentissage des mathématiques. Ils développent un premier outil Bomhec (pour Boîte à outils mathématiques pour les élèves en situation de handicap au collège) et c’est direct un carton. « On a été contactés par des gens partout en France, raconte Minashe. Les professionnels de santé venaient nous voir pour qu’on puisse ajouter des fonctions. »
Une fois diplômés, François poursuit sur cette lancée avec l’Académie de Nice, Bomhec devient Matheos, rencontre un joli succès, tandis que Minashe part se faire une expérience chez Décathlon pour mieux revenir en 2019 et, ensemble, faire décoller le projet. « Lorsque je suis revenue, on a décidé d’accélérer et de ne plus réserver notre outil qu’à l’apprentissage des mathématiques mais de l’ouvrir à tous les troubles dys. »
En quelques années, l’équipe développe avec des professionnels de santé et une incroyable communauté de parents, 22 outils digitaux qui vont aider les enfants dys (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, etc), mais aussi les TSA (troubles du spectre de l’autisme), l’allophonie et les TDAH (troubles de l’attention). L’idée est que chaque élève puisse gérer de manière autonome sa prise de notes, ses exercices et son organisation, du primaire au lycée.
5 + 5 = dys
Comment ça marche ? Imaginons que vous soyez Léa, élève de CM1. Votre maîtresse, qui a pris des licences Cantoo Scribe pour la classe, vient de vous demander d’ouvrir le manuel d’histoire-géo à la page 53. En 5 secondes, vous trouvez le fichier dans votre cartable numérique. Vous pouvez choisir d’afficher le texte avec un code couleur conçu pour les dyslexiques, d’activer la fonction vocale pour écouter le contenu. Au moment où vous devez écrire, vous pouvez solliciter le correcteur automatique, changer la police, mettre des couleurs dans les syllabes, augmenter l’interlignage, faire appel au prédicateur de mots, dicter votre contenu… « La force du logiciel c’est qu’il peut se personnaliser aux besoins de l’élève, » précise Minashe.
Ce qui fonctionne pour le cours d’histoire-géo vaut aussi pour les mathématiques avec plein d’outils pour écrire littéralement une formule et qu’elle se transforme automatiquement en symboles mathématiques, comme par exemple trois racine de 5 divisé par le produit de 7 fois neuf. Pour la géométrie, des outils sur mesure permettent de réaliser plus facilement des figures. Dans le cartable de Cantoo, il y a aussi des outils pour dessiner facilement des schémas, des éditeurs de PDF pour annoter les cours mais aussi des outils pour faciliter l’organisation du travail : un agenda scolaire, un classement et une gestion automatique des fichiers…
Objectif lune
Cantoo, qui compte désormais une dizaine de salariés, a d’ores et déjà accompagné 10 000 élèves dans une cinquantaine d’écoles et plusieurs académies et les chiffres ne devraient pas tarder à s’envoler. En effet, en 2022, l’entreprise, accompagnée par l’accélérateur Passerelles de la Banque des territoires et opéré par makesense, a reçu les trophées de la formation professionnelle dans la catégorie “Inclusion et coups de cœur” et a été lauréate du dispositif Territoires numériques éducatifs pour équiper 11 000 classes à travers 12 départements, pour les 3 prochaines années.
Mais ce n’est pas tout. Récemment, l’entreprise labellisée Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUS), a réalisé une levée de fonds d’un million d’euros auprès d’acteurs engagés : Investir&+, Made for All, Nord Actif et la BPI. « Ce levier de développement fort va nous permettre d'augmenter l’impact social de Cantoo et de continuer à démontrer, à plus large échelle, la facilité d’usage de notre solution digitale auprès des collectivités territoriales, des académies, des enseignants et des parents », se réjouit Minashe. Albert Einstein disait : « C’est le rôle essentiel du professeur d’éveiller la joie de travailler et de connaître. » Léa pourrait ajouter pour conclure : « Avec l’aide de Cantoo, c’est enfin une réalité pour tous les élèves dys. »