20 choses à faire le matin avant d’allumer votre portable

20 choses à faire le matin avant d’allumer votre portable

Si votre premier réflexe le matin est d’allumer votre portable, voici quelques pistes pour le laisser se réveiller tranquillement et tester d’autres morning routines plus apaisantes.
23 May 2024
par Vianney Louvet
7 minutes de lecture

C’est fou. Tous les matins la scène se répète, tous les matins, c’est lui, notre smartphone à qui nous adressons la parole en premier et tous les matins, ça nous grignote, un peu, discrètement. Et pourtant la traversée de l’aube peut être beaucoup plus belle, beaucoup plus folle et beaucoup plus politique, oui, si l’on colle à la vie réelle. 20 propositions matinales, simplicité garantie. 

1 – Pensez quelques secondes à cette invention incroyable qu’est la position allongée.

Et si en plus vous avez la chance de ne pas souffrir de douleurs ou autre, extasiez-vous alors d’autant plus de cette situation : aucune tension, aucune raideur, rien à réussir, si ce n’est un bon gros allongement.


2 – Pratiquez ce qu’on appelle le vautre-lit.

En quelques mots, le « vautre-lit » consiste, au petit matin, à passer lentement d’une position à l’autre (sur la tranche puis sur le dos, étiré puis recourbé, une jambe hors-couette, une jambe en-couette) tout en respirant assez fort pour que les éventuelles personnes autour perçoivent votre bien-être.


3 – Faites le point. Toujours fermement ancré dans cette position allongée, fixez un point sur le plafond.

Et philosophez. Qui suis-je déjà ? Ah oui. Où suis-je déjà ? Ah oui. Y a-t-il quelqu’un qui dort à côté de moi ? Ah oui, enfin ah non. Dommage. Qu’ai-je prévu aujourd’hui ? Ah oui, je ne sais plus. C’est une sorte de speed dating avec vos neurones. Chacun passe devant vous et vous fait un bilan de ce qu’il a prévu aujourd’hui.


4 – Acceptez le passage difficile.

Le passage de l’axe des abscisses à celui des ordonnés, du lit au sol, d’un axe Est-Ouest au pénible Nord-Sud : il faut vous lever. Et pourtant, même cette étape-là n’est pas à jeter : au moment où vous posez vos deux pieds au sol, figez-vous durant 10 secondes et tentez de répondre à la question « Je suis vivant. Et qu’est-ce-que cela signifie « être vivant » ? ». Si tout se passe bien, vous ne trouverez pas la réponse.


5 – Sentez à 360 degrés.

Dans le sens des sens. Les 5 sens. Vient le moment d’ouvrir toutes les grilles. Odeur ? Celle du coussin est encore dans l’air. Son ? Principalement le silence de l’aube, et ça fait déjà beaucoup de décibels. Vision ? Vos deux genoux, principalement. Que vous trouvez particulièrement pimpants et à leur avantage. Goût ? Toujours un peu tabou le matin. Une touche ? Oui, entre le sol et vos petons qui n’ont pas chaud sur ce sol et qui en plus vous alerte sur la couche de poussière devenue alarmante. Mais stop, nous ne sommes qu’au point 5.

6 – Zigomatisez.

C’est le moment où vous n’avez aucune raison de sourire. Vous venez de subir le traumatisme de vous lever, de quitter la chaleur tropicalement délicieuse de la couette, vous n’avez, vraiment, aucune raison de sourire. Et pourtant faites-le. Plus un sourire surgit au mauvais moment, plus c’est le bon.


7 – Partez très haut.

Laissez vos yeux chercher la lumière, la vraie, un bout de ciel, le vrai. La fenêtre, vite. Face au ciel, réalisez à quel point les inventeurs de ce monde sont créatifs. Ils auraient pu faire une tapisserie, ou un mur blanc, un truc simple quoi mais non ! Ils ont préféré cet immense trou, infiniment coloré.


8 – Assurez le bazar.

En faisant quelques pas, de la fenêtre au lit, du lit à la porte, de la porte au couloir, du couloir au lit, du lit au lit, ATTENTION ne repartez pas sur l’étape 2 ce serait dommage. Continuez les quelques pas et saluez la centaine (milliers ?) de muscles qui, eux, sont déjà plein d’entrain et de proposition.


9 – Émouvez-vous.

Si cela vous aide, écrivez en gros, en très gros, quelque part : « Ni instagram, ni France Inter ne décideront à ma place de mon moral ». Lisez cette phrase et coupez vite l’herbe sous le pied de ces médias et autres réseaux sociaux qui vous attendent comme des lions en cage. Couper l’herbe sous le pied, c’est-à-dire examinez-vous et voyez si vous vous sentez d’humeur joyeuse, agitée, excédée, plate, fougueuse, amoureuse. Et une fois que VOUS saurez, alors, même si Léa Salamé vous dit que le monde va mal, même si insta vous dit que les chats sont mignons, vous resterez fidèles à vous-même.


10 – Entracte.

Direction la cuisine. C’est la fin de la forêt dense. Une clairière lumineuse, un grand moment se profile à l’horizon.

11 – Rêvassez.

Face à la table, puis au frigo, puis à l’étagère, rêvassez. Posez votre regard sur cette pomme et laissez les images de cette productrice bio, dont l’exploitation se situe à moins de 5 kilomètres de chez vous. Voyez-la s’activer dans ses vergers des heures durant. Et ce beurre, CE BEURRE. Combien de vaches, combien de rumens, combien de touffes de foin, combien de saintes bouses derrières cette petite motte de beurre demi-sel (demi-seul vu le reste du frigo), ce beurre d’une robe jaune éclatante, d’une texture digne des plus belles sculpture de Rodin… Vous face à ces éléments, c’est un pur miracle. Et je pèse mes mots. Et mon beurre : 250 grammes.


12 – Créez.

On entre à présent dans la catégorie artistique. Et tous les matins, vous pourriez mériter un Molière, un César, que dis-je un Oscar du meilleur acteur des petit-dej, tant vos gestes sont précis, souples, appliqués. Cette galette au sarrasin est façonnée dans l’amour de votre poêle-en-fer-garantie-sans-PFAS, ces quartiers de pommes taillés dans la tendresse de vos mains, ce morceau de chèvre déposé sur le velours de votre assiette.


13 – Levez les yeux.

Elle est là. La personne que vous voyez tous les matins. Elle est un peu en retard par rapport à d’habitude. Elle n’en est qu’à la phase 7, visiblement. Face à la fenêtre, le ciel la regarde et vous, vous la regardez être regardée par le ciel. C’est étonnant, un autre être humain. Réjouissant, aussi. Impressionnant, aussi. Presque trop pour vous qui ne savez déjà pas bien quoi faire de vous-même.


14 – Résistez.

Votre bête smartphonique n’est pas loin, vous l’apercevez même depuis la table basse, vous faire des clins d’œil appuyés, d’une indiscrétion amorale. Mais son heure n’est pas encore venue, vous n’êtes qu’à l’étape 14, de bien belles choses sont encore à vivre avec vous-même. Notamment l’étape 15.


15 – Existentialisez votre existence.

Cette étape est indispensable. Elle intervient juste après la dernière bouchée du petit déjeuner. Comme l’étape 4, le passage peut sembler douloureux. La fin du festival sous papilles, la fin des croquements répétés et enivrants, la fin du beurre, ce beurre, CE BEUUURRE. Mais quand tout s’arrête, une autre chose survient. LA réflexion. Et cette fois-ci, le brouillard s’étant allégé, cette réflexion vaut vraiment le coup. Que faire aujourd’hui ? Non pas que « faire » dans le sens « faire », mais « faire » dans le sens « ETRE ». Qui allez-vous être aujourd’hui ? Pour cette personne qui vit avec vous et qui reste bloquée à l’étape 7 ? Pour vos collègues qui sont peut-être bloqués à l’étape 1 à l’heure qu’il est ? Pour ce passant que vous croisez à peu près tous les matins devant l’arrêt de bus ? Pour vos nièces que vous verrez ce midi ? Pour le monde qui court partout, déjà ? Pour le monde qui crie partout, déjà ? Pour le monde que vous tentez, tous les jours, de rassurer en lui disant que « oui, vous avez presque trouvé la solution » ?  

16 – Rangez-vous, rangez tout.

C’est une phase agréable, mécanique, obligée, évidente. L’énergie intellectuelle, psychologique et spirituelle de l’étape précédente vous a rincé, il est temps de se ressourcer dans l’inutile hautement utile : cette éponge qui attire parfaitement à elle les miettes de sarrasin, cette eau chaude qui fait fondre les traces de beurre puis dégraisse, comme dans un rêve, ces 3 chaises plus jolies si on les aligne, tout comme ces couteaux qu’on place de manière parallèle pour que, pour que… Ça me revient, tout le monde ne raffole pas de l’alignement de ses objets je crois. J’arrête ici cette étape qui pourrait ne concerner qu’une seule partie (malade, dont je fais partie) de notre population.


17 – Tenez-bon.

À ce stade, ni la radio, ni la télé, ni le smartphone n’ont donné signe de vie. C’est un exploit. Mais personne n’interrompt l’ascension de l’Everest au moment où le Pic apparaît à quelques kilomètres. Comme vous avez parfaitement suivi les différentes étapes, vous avez 13 minutes d’avance sur votre calendrier matinal. Vous pouvez donc vous asseoir sur le canapé, et ouvrir… un livre. Mais pas n’importe lequel. Ou plutôt pas n’importe comment. Ouvrez un livre et laissez vos yeux balayer les pages jusqu’à tomber sur une phrase un peu plus dodue que les autres, un peu plus provocatrice, un peu plus brillante. Lisez la phrase une fois, deux fois, puis proposez-la à l’ensemble de vos neurones en leur disant qu’aujourd’hui est une journée déguisée, et que le thème c’est… cette phrase donc. Si par exemple, le livre en question est le Petit Prince et que la phrase qui a éclaté sur vous est « c’est véritablement utile parce que c’est joli », tous vos neurones vont devoir, d’une manière ou d’une autre, s’habiller de ces mots avant d’entreprendre leurs nombreux projets.


18 – Relisez la phrase après avoir refermé le livre.

Juste pour être sûr que vous l’avez retenue. Et dites-la tout haut à la personne avec qui vous… Tiens, où est-elle d’ailleurs ? Et si l’étape 2 l’avait rattrapée ? C’est son choix. Consternant, mais c’est son choix.


19 – Célébrez cette victoire éclatante de vous sur vous.

Vous êtes arrivé·e au bout de votre solitude, vous avez-vous-même posé les briques de votre journée, vous vivez, vous savez où vous allez, ce que vous donner. 


20 - L’heure a sonné.

Vous allumez votre téléphone. Il ronronne de soulagement, de notifications. Soyez solide, ne le laissez pas inonder vos émotions avec les siennes. Si vous aviez un projet politique en vous réveillant, cramponnez-vous-y et ne laissez pas X vous décourager avec ses algorithmes, si vous vous sentiez l’âme créative, créez et ne vous comparez pas aux 321 contenus postés depuis hier sur votre fil. Votre début de journée a commencé dans le réel, ne nous arrêtons pas en si bon chemin.