La biodiversité pour les zéros en SVT

La biodiversité pour les zéros en SVT

Elle n’est pas en très bonne santé mais c’est quoi au juste la biodiversité. Révisions pour toutes celles et ceux qui ont séché les cours de SVT.
29 February 2024
par Vianney Louvet
6 minutes de lecture

Il y a certains mots qui ont été prononcés tant de fois qu’on n’ose même plus les questionner. Prenez donc cet article, cachez-vous dans votre chambre et revenez à la base de ce noble mot : la biodiversité. C’est parti.


Expliquer la biodiversité en 33 secondes


Vous êtes à la billetterie du théâtre du coin pour acheter 2 places pour le prochain spectacle de Vincent Dedienne, d’autres clients attendent derrière vous. Au guichet, le jeune homme pose son regard sur vous, puis articule : “tiens, au fait, qu’est-ce que la biodiversité ?”. Situation plus que fréquente. Le temps que les billets tarif réduit s’impriment, vous avez 33 secondes pour lui répondre. Une proposition :

Cher monsieur, la biodiversité, c'est à peu près comme votre métier. Contempler un spectacle vivant. 

  • Il y a la scène et son décor, c’est-à-dire l’ensemble des milieux naturels, paysages, espaces. 
  • Il y a les acteurs et actrices, soit toutes les formes de vie que cette scène abrite : des plantes en passant par les animaux, sans oublier les champignons ou les bactéries...
  • Il y a le script et les dialogues, à savoir toutes les relations et interactions (ceux qui s'aiment bien dans la coopération, ceux qui se castagnent avec la prédation, ceux qui s'adorent à travers des symbioses…).

Parmi les acteurs de cette incroyable comédie musicale, il y a nous, petits Homo sapiens. Nous sommes arrivés dans l'histoire assez récemment. Parce que oui ! Tout ça a mis du temps à se monter, le metteur en scène est un grand perfectionniste. Les premiers acteurs, organismes vivants connus, datent de près de 3,5 milliards d’années...


Les grands principes de la biodiv’


Et il est bon ce spectacle ? Il est beaucoup mieux que ça. 

D'une part, il existe sous de multiples formes, dans des salles de spectacles complètement différentes l'une de l'autre. Il y a les écosystèmes rocheux et de haute montagne, les écosystèmes marins et côtiers, agricoles, humides et aquatiques, forestiers et même urbains

D'autre part, les acteurs et actrices peuvent être danseurs, comédiens, techniciens mais au sein même de chaque "espèce", la diversité génétique est infinie. Que de talents…

Et toute cette vie, bien que diversifiée comme jamais, a certains points en commun. Quand on chante la VIE, il y a des refrains qui reviennent. Le collectif par exemple, aucune espèce ne peut vivre seule. Qui dit biodiversité dit donc coopération, groupe, meute, … une troupe quoi ! La coopération, c’est ce lapin qui se creuse un petit terrier et qui fait aussi la joie d’autres espèces, incapables de creuser, comme des insectes, des lézards et parfois même le renard qui l’agrandit. On entend beaucoup parler de compétition, et ce cher Darwin a notamment beaucoup fait pour nous mettre cette idée dans la tête, mais plus on avance, plus on se méfie de cette vision. Écoutez par exemple Daniel Milo qui critique le darwinisme social. Avec son exemple de la girafe en vitrine, le philosophe va vous retourner le cerveau.

Autre exemple de point commun : ce qui vit se nourrit. Si les relations alimentaires entre espèces animales et végétales sont complexes et varient selon les lieux et les saisons, il n’en reste pas moins que nous avons tous besoin de l’extérieur, que ce soit une bonne galette bretonne, un rayon de soleil, un bout de fleur, une patte de campagnol, ou une flaque d’eau pour alimenter notre métabolisme. 

Autre élément intéressant : en recyclant, nous ne faisons que revenir à une loi simple et basique que le reste du vivant pratique depuis déjà bien longtemps. Les insectes et les bactéries sont pour ça des agents hors-pair, leur travail de décomposition et de recyclage des éléments chimiques, souvent recrachés dans le sol, sont essentiels à tous nos équilibres.

Depuis deux-cents ans, les extinctions d’espèces sont 10 à 1000 fois plus rapides que le rythme naturel. À ce rythme là, la planète va perdre 75 % de ses espèces en 500 ans. Cette 6ème extinction est cette fois causée par une seule espèce, l’espèce humaine.


Le spectacle vivant sous menace


Ce n'est pas dans cet article que nous vous noierons de chiffres catastrophiques sur l'érosion de la biodiversité. Nous préférons vous recommander 5 contenus pour s'attaquer à ce problème en étant accompagnés et parfois nourris d’un peu de beauté, malgré tout :

- il y a "Silent sprint" ou "Printemps silencieux", ouvrage de 1962 de Rachel Carson connu pour avoir contribué à lancer le mouvement écologiste dans le monde occidental, rien que ça. L'ouvrage traite des effets négatifs des pesticides sur l'environnement, et plus particulièrement sur les oiseaux... 

- plus récemment et plus grand public, le film "Vivant" de Yann Arthus-Bertrand permet de réaliser à quel point la France à elle seule renferme une biodiversité incroyable, de l’infiniment petit à l’infiniment grand.

- pour les fans de bande dessinée, lisez “Vertige”. Si le sujet ne se limite pas à la biodiversité, il s’attaque à tout ce qui lui est directement lié. Dix ans d’enquêtes de la Revue Dessinée sont rassemblées dans cet album, on y parle de réchauffement climatique, de l'agro industrie (comme l’affaire des algues vertes en Bretagne ou du chlordécone aux Antilles), de greenwashing, de limites de la planète, 

- il y a le documentaire "Le cri de l'abeille" de Cyril Romano. "On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite les animaux disait Gandhi". Et s'il y a bien un animal qui a été maltraité depuis des décennies, c'est bien l'abeille. Dans ce documentaire court (30 minutes), le travail de plaidoyer politique passionnant et essentiel est notamment décrit.

- et enfin “Auprès de ma bouse”, documentaire moins connu mais tout aussi fascinant. Une bouse de vache n’a rien d’attirant a priori mais jetez un coup d'œil à ces images pour vous convaincre qu’elle est en fait un puits de biodiversité. De Manon et Patrick Luneau.


Les dernières bonne nouvelles (pour une fois)


Le clou du spectacle, c'est que malgré tout ce qu'on a perdu, et qu’on continue de perdre sans s’inquiéter ou presque, il reste beaucoup. Autour de nous, la réalité est si riche. La preuve : il y a plus d'1,9 million d’espèces connues à ce jour, dont 300 000 seulement dans les océans. On compte 1,6 million d’animaux, 350 000 plantes, des dizaines de milliers de micro-organismes. Rien que chez nous en France métropolitaine et dans les Outre-mer, 186 883 espèces sont présentes (Source : Nature France).

Et ça c’est ce qu’on sait ! L’hypothèse probable - et merveilleuse disons-le, c’est qu’il pourrait y avoir 8 à 12 millions d’espèces visibles, sans le nombre invraisemblable de micro-organismes avec eux. Et chaque année, 16 à 18 000 espèces nouvelles sont découvertes et recensées au niveau mondial.

Et tout cela va (parfois) dans le bon sens. Allez, respirez et que les rideaux rouges s’ouvrent sur quelques bonnes nouvelles ! Par exemple, le tourisme de masse se fait barrer la route, de plus en plus. Ses conséquences sur l’environnement sont extrêmement néfastes. Plusieurs villes ont récemment mis en place de nouvelles restrictions, notamment l’île de Bréhat qui a décidé de limiter le nombre de touristes entre le 14 juillet et le 25 août, tout comme les îles du Parc national de Port-Cros 

Autre “Bonne nouvelle” qui n’en est pas totalement une, la déforestation en Amazonie brésilienne a chuté de 22,3 % entre août 2022 et juillet 2023, notamment grâce aux politiques environnementales du président Lula nouvellement élu.

Concernant l’un des pires ennemis de la biodiversité, le plastique, sachez que des négociations d’un traité international visant à mettre fin à la pollution plastique sont en cours. Depuis 2000, la production de ce maudit matériau a doublé, preuve qu’un pas politique d’ampleur internationale est nécessaire. 

Allez, deux dernières pour la route : l’Australie a décidé de tripler la superficie du parc marin de l’île Macquarie.  Un gigantesque parc marin, de la taille de l’Espagne, fermé à l’exploitation minière ou à la pêche, voilà ce que prépare le gouvernement australien. Les phoques du coin applaudissent des 2 mains. Tout comme quelques espèces qui voient leur population augmenter. Le nombre de rhinocéros notamment (+5,2 % par rapport à 2021), les mini-kangourous réapparus dans le sud de l’Australie (100 ans après leur disparition de ce territoire), des couples de takahé du Sud – une espèce d’oiseau préhistorique officiellement déclarée éteinte en 1898 – réintroduits en Nouvelle-Zélande, et plus de 500 baleines à bosse, nombre record, observées au large de la Réunion


SOURCES :