Former des diplômés capables de transformer l’entreprise de l’intérieur, le pari de l’IÉSEG

Former des diplômés capables de transformer l’entreprise de l’intérieur, le pari de l’IÉSEG

Et si la transition se jouait sur les bancs des écoles de commerce ? À l’IÉSEG, Myriam Degrave veut former des cadres lucides et engagés, pour qui impact et performance ne s’opposent plus.
05 November 2025
par Hélène Binet
3 minutes de lecture

Arrivée il y a cinq ans et désormais à la tête du pôle Développement durable de l’IÉSEG school of management, Myriam Degrave raconte la transformation en profondeur de l’établissement, où la transition écologique et sociale est désormais au cœur du projet pédagogique.

« Quand je suis arrivée, tout était aligné pour que ça émerge »

Q : Vous avez rejoint l’école il y a cinq ans. Dans quel contexte ?

Je venais du monde de l’entreprise, où je travaillais sur les fonctions développement durable (DD) et RSE. À mon arrivée en 2020, l’école avait déjà amorcé sa transformation. La stratégie fixée avec les parties prenantes en 2015 plaçait la RSE au cœur de la vision “Empowering changemakers for a better society”. Il y a 10 ans déjà, il y avait une vraie prise de conscience collective, chez les étudiants, les collaborateurs, les entreprises. L’établissement a d’ailleurs été fondé sous le statut ESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général), preuve qu’il porte cette notion d’intérêt général dans son ADN. Bref, il y a 5 ans tout était aligné pour que la dynamique s’installe. Ensuite, ça a été crescendo.

« 80 % des candidats tiennent compte de l’engagement environnemental de l’école »

Q : Les étudiants sont-ils attirés par cette orientation écologique et sociale ?

Oui, très clairement. Huit candidats sur dix nous disent qu’ils prennent en compte l’implication environnementale et sociale de l’école dans leur choix. D’ailleurs, lors des oraux d’admission, on leur demande s’ils se reconnaissent dans les valeurs de l’établissement, qui sont affichées sur notre site. C’est devenu un vrai critère d’attractivité.

« 19 crédits consacrés à la transition, et une approche transversale »

Q : Comment ces enjeux se traduisent-ils dans la formation ?

La transition écologique et sociale est intégrée à tous les niveaux du cursus. Elle représente 19 crédits sur l’ensemble du programme grande école. Par exemple, en première année, les étudiants mènent un projet solidaire avec l’UNICEF. Ils ont ensuite des cours obligatoires sur l’économie soutenable, la diversité, l’inclusion… mais aussi sur des sujets plus techniques comme le management environnemental, l’atténuation, l’adaptation, la biodiversité, la comptabilité carbone. Mais au-delà des cours dédiés, nous avons également refondu toutes les disciplines : 81 % des enseignements intègrent aujourd’hui une dimension environnementale ou sociale. L’objectif, c’est que chaque matière se demande : comment ma discipline contribue-t-elle à la transition ? Comment devient-elle partie de la solution plutôt que du problème ?

« Former les profs, un levier indispensable »

Q : Cette transformation a-t-elle été facile à conduire en interne ?

Comme dans toute transformation, il y a eu des personnes motrices et d’autres qui résistent. Certains enseignants se sentaient démunis, pas assez armés pour traiter ces sujets. Nous avons donc mis en place des formations spécifiques et sommes allées chercher des profils finances et climat, des experts du greenwashing. Depuis 2023, tous les professeurs et le personnel de l’école suivent une formation obligatoire de 23 heures, avec une partie commune sur les enjeux globaux et une autre adaptée à leur discipline, en partenariat avec makesense. Cela a débouché sur une feuille de route claire pour chaque domaine.

« L’Impact odyssée : un parcours fédérateur pour les étudiants »

Q : Tous les étudiants qui arrivent dans votre établissement participent également à l’ Impact Odyssée, une journée de passage à l’action avec makesense. De quoi s’agit-il ?

Pendant des années, on organisait pendant la première semaine d’intégration des fresques du climat ou des journées de bénévolat mais il manquait un fil conducteur. L’Impact Odyssée permet aux étudiants de découvrir les Objectifs de développement durable (ODD) et de réfléchir à la façon dont les jeunes veulent agir, via le bénévolat, les stages, l’entrepreneuriat… Lors de la dernière rentrée, 82 % des étudiants ont exprimé le souhait de s’impliquer dans un projet à impact positif. Notre rôle, c’est de canaliser cet enthousiasme des premiers jours et de leur offrir des débouchés concrets.

« Un tiers de nos diplômés ont un poste lié à l’impact environnemental et social »

Q : Tout ce dispositif est-il efficace ? À la sortie de l’IÉSEG, les étudiants vont-ils travailler dans la transition écologique ?

Nos diplômés partent dans tous les secteurs, mais avec une conscience différente. Sur les trois dernières promotions, un tiers des anciens déclarent occuper un poste en lien fort avec les enjeux environnementaux ou sociaux. Notre but, c’est qu’ils intègrent ces réflexes dans toutes leurs décisions, quel que soit leur métier.

« Enseigner, c’est le levier le plus puissant »

Q : Il y a quelques années, vous officiez en entreprise. Après 5 ans dans l’enseignement supérieur, êtes-vous satisfaite de votre impact ?

L’enseignement est, à mes yeux, le levier le plus efficace pour transformer le monde. Si on repart de la base et qu’on montre aux futurs cadres à quoi peut ressembler la réussite autrement, on a une vraie chance de changer le système. Après 5 années à l’IÉSEG, les étudiants repartent avec les bons outils et les bonnes questions pour challenger les entreprises sur le statu quo. À elles et eux de jouer ! 

Chargement...