Changemakers odyssey, dans les grandes écoles, la rentrée se joue en mode ODD

Changemakers odyssey, dans les grandes écoles, la rentrée se joue en mode ODD

À l’Ieseg, la rentrée se réinvente. Le temps d’une journée, 600 étudiants découvrent les 17 ODD à travers un grand jeu collectif. Première mission : changer le monde.
05 September 2025
par Hélène Binet
5 minutes de lecture

Dans les années 90, lorsque les grandes écoles faisaient leur rentrée, l’ambiance était au bizutage et aux blagues potaches. En 2025, les étudiant·es apprennent à se connaître grâce à un grand jeu autour des 17 objectifs de développement durable. Bienvenue dans la Changemakers odyssey organisée par makesense. Le voyage va bientôt commencer.

Mercredi 27 septembre, un vent de jeunesse souffle sous l’arche de la Défense. Des centaines de néo-étudiants, tout juste majeurs, font leur rentrée à l’Ieseg school of management installée dans le quartier d’affaires. Le pas déterminé, d’humeur mi-excitée, mi-inquiète, ils se pressent vers leur nouvelle école où ils passeront les 4 prochaines années. On leur a donné rendez-vous à 9h dans l’amphithéâtre PA00 pour l’embarquement de cette journée placée sous le signe du développement durable et de la convivialité.

Dune et Jade, deux animatrices de makesense qui n’ont que quelques printemps de plus que les 600 étudiants de la salle, les accueillent dans un mix impeccable de français et d’anglais et déroulent le programme de la journée. “Vous avez jusqu’à 16h30 pour récolter 1000 points en équipe et réaliser un maximum d’actions qui répondent toutes à l’un ou l’autre des Objectifs de développement durable des Nations Unies. Avant de partir, retrouvez vos co-équipiers et élaborez votre stratégie pour savoir comment vous organiser.”

1000 points pour la planète

L’équipe 20 à côté de moi échafaude ses plans, le livret des 32 actions possibles en main. “Il faut qu’on se concentre sur les missions qui donnent le plus de points.” “Découvrir comment prendre soin de sa mentale avec Teale, on prend ! En plus j’ai déjà l’appli. “Découvrir les métiers à impact, 30 minutes et 120 points c’est super rentable.” “Attends, le times up de l’entrepreneuriat social ça a l’air bien mais bon ça dure une heure.” “Participer à un atelier sur la communication non violente, 90 points, c’est un peu gratos, allez on y va ?” 

Les membres de l’équipe qui ne se connaissaient pas il y a un quart d’heure font la liste de leurs prochains défis et s’acheminent vers le premier à quelques centaines de mètres de là, l’occasion de se familiariser avec le site de la Défense. Entre deux bâtiments, la team en profite pour cocher la mission 5 : “rédiger un post sur les réseaux sociaux mettant en lumière une femme inspirante pour vous”. “Frida Kahlo ça vous va ? Allez chat GPT rédige-moi ça”. Ni une ni deux le post artificiel est envoyé via un vieux compte Facebook inactif et la preuve de sa publication à l’équipe digitale de makesense.

Sur le whatsapp collectif animé par Marilou, un message s’affiche : “Oh oh, on voit déjà des gens utiliser l'IA pour truquer les preuves... On ne se fait pas avoir, vous croyez quoi ? 🤔 Privilégiez les photos plutôt que les vidéos pour les preuves, c’est bien plus facile à suivre 📸”. L’équipe 20 est démasquée, son défi n’est pas validé. Retour à la case départ. 

Plus chaud que le climat

Pendant ce temps-là, dans la salle 25, le Times Up géant bat son plein. Les équipes sont au taquet pour découvrir et mimer des Too good to go, La Cloche, la Ruche qui dit Oui, Helios, Mollow, Kabubu… Certains raccourcis sont hilarants mais terriblement efficaces. Au bout des trois rounds, tout le monde a retenu au moins une quinzaine d’initiatives. “Nous avons conçu cette journée de façon gamifiée, explique Victor Senave, responsable pédagogique chez makesense qui a co-designé le dispositif. Cela nous permet d’aller chercher des personnes moins engagées et de commencer à planter quelques graines. De l’autre côté, les dynamiques d’équipes et de concours permettent aux personnes déjà engagées de trouver plus facilement leurs allié·es et de ne pas se décourager.”

À différents endroits du campus, des checkpoints permettent aux équipes de valider leurs points et d’en profiter pour demander où en est le classement. À midi, roulement de tambour sur le groupe Whatsapp. “🥁🥁🥁 On peut vous dire que c’est serré … en 1ère place, l’équipe 71 a décidé de n’avoir de pitié pour PER-SONNE, mais rien n’est joué, il reste tout l’après-midi pour la faire tomber !”

OK, pas question de mollir. Les équipes profitent de la pause du midi pour visiter un tiers-lieu (100 points), une boutique de seconde main (80 points) ou tester un mode local de mobilité douce pour visiter la ville. Antoine qui reçoit les preuves des actions des étudiants sur l’interface spécialement développée par les équipes digitales de makesense se régale. “Il y a une équipe qui a pédalé dans la ville en prenant soin que l’itinéraire emprunté ait la forme d’un cœur”.

L’après-midi suit son cours engagé, certaines équipes sont à fond, d’autres jouent un peu moins le jeu, se contentant parfois d’engranger les points sans forcément prendre le temps de comprendre le pourquoi du comment. “Comme tout ce que l’on fait, cette journée est perfectible, rappelle Victor, mais il y a un vrai changement par rapport à ce que l’on organisait il y a quelques années avec des conférences inspirantes et des ateliers participatifs sans jamais sortir de la classe. Les jeunes aiment ce nouveau format parce qu’ils sont autonomes, qu’on leur fait confiance, qu’ils sont sur le terrain dans toute la ville, qu’ils découvrent des acteurs locaux cools, qu’ils se sentent utiles, et bien entendu parce qu’on leur offre un vrai espace de création de liens en une journée de rentrée.”

L’équipe 7 on fire

14h38 crépitement du whatsaap : “📢 Mise à jour du classement ! C'est serré sur la plateforme ! L’équipe 7 a franchi les 800 points et elle nous en met plein les yeux ! 😲Les équipes 35 et 45 sont juste derrière, ça chauffe ! 🔥Par contre, quelques équipes sont un peu à la traîne... 74, 54, 70... avec moins de 100 points, c'est presque gênant 😅. Allez, on se motive !”

Il reste moins de 2 heures pour remonter la pente. Les équipes calculent leur empreinte carbone, écrivent des lettres à des personnes âgées, se lancent dans des cleanwalks, recensent des espèces (plantes, oiseaux…), agissent contre les violences sexistes et sexuelles grâce à l’opération SafeBar quand sonne le gong de la fin. En coulisses, les équipes digitales finissent de comptabiliser les points avant le grand verdict en amphi.

L’équipe 7 a devancé tout le monde et repart avec un joli cadeau pour chaque membre: un colis de bons produits bio, locaux, idéal pour le prochain apéro. Camille fait partie de l'équipe de la win ce qui n’est pas tout à fait un hasard. "Plus tard, je veux être lobbyiste dans l'environnement, j'étais à fond, c'était NRV cette odyssée". "S'il n'y avait pas eu cette journée, la semaine prochaine, je me serais mis derrière au fond de la classe sans parler à personne", explique Simon. "J'ai même découvert la méditation", renchérit Margot. “Franchement on était une super équipe,” conviennent-ils tous et toutes en chœur sans ne plus arriver vraiment à se quitter.

"Dans mes rêves les plus fous, j’aimerais que ce format soit un nouveau passeport pour tous les étudiants et étudiantes de France, confie Victor à la fin de la journée. Aussi j’aimerais qu’il y ait des piqûres de rappel toute l’année et que tous les jeunes au sein de leur cursus aient au moins un stage dans une structure à impact.” 

En attendant, d'ici la fin du mois d'octobre, plus de 7000 jeunes genZ vont participer à ces journées d'intégration à la mode makesense qui forment la jeunesse... à imaginer et bâtir une société plus écologique, juste et fraternelle. À suivre !