La précarité étudiante ressemble parfois à un film sans lumière. Jusqu’au jour où surgit une main tendue. Avec son projet simple et humain, 1 cabas pour 1 étudiant réécrit des scénarios de vie fait de liens entre les générations, d’entraide alimentaire et d’avenir retrouvé.
Jouons à un jeu. Et imaginons le futur grand film dans lequel jouera Pierre Niney.
Pour que cela marche, il faut que le sujet soit actuel et brûlant. Choisissons donc celui de la précarité. Des gens qui galèrent. Qu’ils soient de droite, de gauche, petits ou grands, ce fléau touche malheureusement toutes les bulles de notre société, toutes les nationalités.
Ensuite, il faut que les jeunes fassent la promo du film sur les réseaux, il faut donc préciser un peu le sujet. La précarité étudiante. Le film parlera de précarité étudiante. Et il mettra en scène Pierre Niney, donc (très maquillé pour perdre 20 ans, certes), étudiant sans réseau, sans sous, sans perspective, dont la seule urgence se résume à deux mots : manger et parler.
Le film commencera par des scènes silencieuses où on le voit faire la queue pour la distribution d’une soupe du secours populaire, où il négocie un micro-onde sur Le Bon Coin sans succès, où il rajoute une ou deux couches de vêtements pour ne pas devenir glaçon dans l’étroitesse et la pénombre d’une chambre qui n’en n’est pas vraiment une.
2 étudiants sur 3 sautent des repas toutes les semaines.
Voilà donc le début du film. À ce moment-là, la salle sera émue par le visage émacié de Pierre Niney, sonnée face à l’absence de vie qui émane de toutes ces scènes. Découragée par l’impasse totale de cette vie. Et puis, comme dans tout film, un truc va se passer.
La bascule
Souvent, c’est un coup de foudre qui change tout. Optons donc pour cette non-originalité mais renversons-là légèrement. Pierre Niney va tomber amoureux… d’une association. Elle s’appelle “1 cabas pour 1 étudiant”. Nous sommes quelques années après sa création, en 2021, au cœur de la pandémie, et Pierre Niney découvre par hasard ce projet (imaginons que c’est Virgine Efira qui joue une responsable, et qu’il croise à l’improviste sur les bords du canal de l’Ourcq. Ça claque ça, non ?). Virgine explique à un Pierrot abattu le principe de l’association : aider les étudiants en situation de précarité alimentaire et d’isolement social. Partout en France, les mettre en lien avec des parrains ou marraines qui viennent les soutenir tout au long de l’année universitaire.
Dans les yeux de Pierre, et pour la première fois du film, quelque chose s’anime. Ajoutons une musique type piano. Il comprend. Il comprend qu’en rejoignant l’association, ses deux besoins brûlants pourraient être nourris. Il comprend qu’il s’apprête à tisser une relation qui repose sur deux piliers indissociables :
- l’aide alimentaire (Pierre se verra offrir des courses régulièrement)
- le lien social (Pierre profitera de sorties culturelles, d’invitations à dîner, de balades en forêt, et sera aussi soutenu dans une potentielle recherche de stages ou d’alternance ou tout autre forme en fonction des aspirations des deux membres du binôme)
C’est notre moment préféré de ce type de film. La musique accélère, on n’entend plus vraiment les paroles mais les scènes s'enchaînent, les saisons passent et les sourires font sourire. Pierre, Virgine et d’autres copains comme l’adorable Omar (oui, on s’est dit que sa présence fera du bien aussi.)
Nous ne nous faisons pas un film
S’il y a de grande chance pour que Pierre Niney refuse notre scénario (et c’est bien dommage pour sa carrière), notons néanmoins que tout ceci n’a rien de fictif. À ce jour, “1 cabas pour 1 étudiant” a créé plus de 6 800 parrainages dans plus de 50 villes en France et est constamment en recherche de nouveaux parrains et marraines pour pouvoir aider plus d’étudiants dans le besoin et faire en sorte qu’ils puissent vivre plus sereinement leurs études en augmentant l’égalité des chances. Le développement est continu et l’enthousiasme bien présent.
Thibaut, membre de “1 cabas pour 1 étudiant” déclare : “J’ai aimé ce projet car je suis arrivé peu de temps après sa création et il est intéressant de participer à sa structuration, d’accompagner les nouvelles personnes qui sont venues renforcer l’équipe, d’aider à améliorer nos façons de procéder pour rendre les parrainages encore plus qualitatifs tout au long des années.”
Et si vous êtes déçu que le film ne sorte pas en salle, allez parler aux bénévoles, aux jeunes et ils et elles vous raconteront de plus belles histoires encore. Exemple avec cet ancien étudiant en droit. Venu témoigner lors de l’anniversaire des 3 ans de l’association, il raconte que son parrain l’avait aidé lorsqu’il était étudiant en nouant un lien fort et en lui offrant une expérience dans un cabinet d’avocats. Quelques mois plus tard, il signait dans ce même cabinet son stage de fin d’études et, cerise sur le gâteau, signait dans la foulée une embauche en CDI. Détail tout sauf anodin, ce même étudiant est à son tour devenu parrain pour venir en soutien, à son tour, à d’autres étudiants en proie à une précarité alimentaire et sociale. Le genre de cercle super-vertueux qui donne beaucoup d’espoir, non ?
Conte philosophique ou politique ?
Les deux mon capitaine ! Derrière l’arbre de solidarité qu’est “1 cabas pour 1 étudiant”se cache une forêt qui pourrait bien apporter à notre société l’ombre et l’apaisement qu’elle recherche. Renforcer la solidarité de proximité, faire de nos sociétés des espaces plus résilients, mettre les jeunes sur l’avant de la scène de nos quotidiens, tous ces enjeux dépassent largement l’association et sont des ouvertures vers un modèle politique radicalement différent. Radical, parce que puisant aux sources de nos personnes, dans leur fragilité.
Il est impossible d’envisager les prochaines années sans compter sur cette solidarité intergénérationnelle, sans nous pousser collectivement à nous rencontrer, à nous nourrir de nos existences respectives.
Combattre l’individualisme est un combat crucial aujourd’hui et le fonctionnement du parrainage est sans aucun doute un moyen de s’ouvrir, de casser les silos si facilement érigeables par notre époque. Les barrières, aprioris, fausses croyances, devraient rapidement fondre… surtout si Pierre Niney nous encourage à le faire, non ?
Vivons vieux, vivons heureux
Et si les relations intergénérationnelles étaient les meilleurs remèdes anti-âge ? Le programme Vivons Vieux Vivons Heureux, proposé par makesense avec le soutien fondateur de Notre Temps, AG2R La Mondiale et Fonds de dotation Bayard - Agir pour une société du lien en est un bel exemple. Lors de journées conviviales, jeunes et seniors se retrouvent dans leur ville pour réaliser ensemble des missions de bénévolat et tisser des liens durables. En 2025, le programme a conquis 4 villes, plus de 200 participants de tous les âges et plus de 20 associations bénéficiaires. Au total, plus d’une centaine d’actions de bénévolat ont été initiées et surtout, des ponts durables ont été construits entre les générations.