Tapi dans votre sac ou posé sur votre table de nuit, il vous attend. Dès l’ouverture, il vous transporte dans un monde tout autre. Une fois refermé, vous n’êtes plus le même. Il y a un avant et un après ce livre, qui a changé votre quotidien. Depuis, vous avez changé de job, arrêté de vous prendre la tête, stoppé la viande, trouvé l’amour…
Ou bien: vous avez simplement reconsidéré le sens que vous mettez dans chacun de vos actes. “Quels sont vos livres déclic?” C’est la question que nous avons posé à plusieurs membres de makeSense. Forcément, on ne se refait pas et on va (un peu) parler chakras, mais pas que. Liste non exhaustive mais franchement utile de livres qui vous change l’intérieur, comme le bifidus actif, en mieux.
1) Libérées ! de Titiou Lecocq
Ah Titiou… On avoue sans difficulté lui vouer un petit culte. Si vous connaissez son blog Girls and Geek, vous vous retrouvez peut-être une fois par semaine à appuyer frénétiquement sur F5 dans l’espoir de la publication d’un nouveau chef d’oeuvre. En attendant il y a sa Newsletter Slate, et puis ce livre. Un essai qui parle avec beaucoup d’humour des tâches ménagères et des inégalités entre hommes et femmes. Comment ne pas être sensible à la prise de conscience personnelle de Tititou Lecocq face à une chaussette sale quand on a comme Aurore et beaucoup d’autres grandi avec une “mère qui se plaignait toujours de ne pas avoir le temps de lire parce qu’elle repassait pendant que mon père glandait devant l’ordi” ?
Loin d’être anecdotiques, les inégalités dans la répartition du ménage au sein des couples sont le point de départ d’une longue liste d’autres inégalités. D’où la nécessité de changer grâce à la lecture de ce livre “d’une intelligence sans prétention qui te raconte des choses brillantes qui te semblent après coup évidentes” à grand renfort de chiffres et de recherches. Le risque? Si vous êtes une fille, finir par vivre comme un petit porc sans une once de culpabilité dans la chambre d’”un adolescent qui aurait essayé de reconstituer une ville en guerre avec des vêtements sales”. Mais vous pouvez aussi y gagner deux prises de conscience (la vôtre et celle de votre alter ego) et rééquilibrer la répartition des tâches pour avoir le temps d’aller appuyer sur la touche F5 sur Girls and Geeks.
Loin d’être anecdotiques, les inégalités dans la répartition du ménage au sein des couples sont le point de départ d’une longue liste d’autres inégalités.
A qui l’offrir ?
“A tout le monde, parce que tout le monde est concerné, que le livre est drôle, facile à lire et intelligent.” Aurore
A votre mère, au cas où vos parents n’auraient pas encore divorcé.
2) King kong théorie de Despentes
Virginie Despentes raconte son passé de punk aux cheveux verts pour aborder la prostitution, le viol et le pornographie. Le résultat? On reconsidère certaines de ses opinions bien pensantes sur le féminisme et la sexualité et on réalise le sexisme de certaines de ses propres réactions. Préparez-vous à être un peu chamboulé ou agacé par le ton de Virginie Despentes qui n’y va pas par quatre chemins. Mais c’est LE livre à lire de Virginie Despentes selon moi.
A qui l’offrir?
A votre ami qui demande subrepticement quelle heure il était et comment vous étiez habillé quand vous racontez qu’un lourdaud vous a abordé dans la rue.
4) L’ignorance – Kundera
Je vous le dis tout de go, Kundera a une légère tendance à me déprimer, mais puisque “L’insoutenable légèreté de l’être” est le livre “prise de conscience” d’environ 1 million de personnes autour de moi, je me suis sentie obligée de faire figurer cet auteur dans ce top. Franchement, je vois pas trop comment les livres de Kundera changent la vie si ce n’est en termes de déprime, mais comme c’est très chic d’aimer Kundera, allons-y.
J’ai choisi L’ignorance, parce que c’est un livre sur la nostalgie, l’un des sentiments humains les plus doux amers et donc l’un des plus admirables à mon sens. Passion nostalgie, bonheur et tristesse de repenser aux moments passés qui ne seront plus, au chocolat chaud du dimanche après midi bu à la maison après avoir pris la pluie avec mes frères et soeurs. Ce livre raconte les errances d’émigrés de retour dans une ville qui a changé, sur fond de souvenirs du Printemps de Prague et de Révolution de velours. C’est un beau livre qui marquera sans aucun doute un tournant dans votre vie parce qu’ils vous permettra ensuite d’affirmer: “Mon auteur préféré ? Kundera.”
A qui l’offrir ?
A une personne qui n’aime pas lire mais qui aime bien se la péter.
5) Beauté fatale de Mona Chollet
Mona Chollet déconstruit dans cet essai les codes de la beauté féminine. Vous sentez que vous vous faites manipuler en permanence par l’industrie et les médias, et êtes frustrés de ne pas réussir à mettre des mots sur cette emprise ? Mona Chollet a fait des recherches et posé les bons mots en utilisant une dizaine d’exemples issus de la presse, de la publicité et de la télévision. On a parfois le sentiment d’effleurer le truisme, mais ce livre a le mérite d’être rassurant: non, vous n’êtes pas paranoïaque: on achète bien votre temps de cerveau. Et il pourrait même vous faire accéder à un stade supérieur de la rébellion: ne plus acheter de magazines féminins, arrêter de vous maquiller, voire de vous épiler. Merci Mona Chollet !
A qui l’offrir ?
A votre boss qui vous dit qu’il voudrait donner un “côté féminin” à sa présentation powerpoint.
A votre petite soeur de 17 ans qui accroche des pubs Chanel et Hermès dans sa chambre.
6) Faut-il manger des animaux ? de Jonathan Safran Foer
Alors que la crise occidentale des enfants gâtés aux produits transformés bat son plein- “Nan mais si tu te mets à écouter ce qui se dit, tu peux plus rien manger”- , Jonathan Safran Foer est frappé d’un éclair à la naissance de son premier enfant: faut-il manger des animaux? Il se lance dans une enquête sur l’industrie de l’exploitation animale avec plein de chiffres mais aussi du terrain rythmé par des escapades illégales dans des abattoirs.
Si vous vous posez déjà quelques questions sur votre responsabilité face au désastre écologique de l’élevage intensif et la souffrance des animaux, ce livre vous fera probablement basculer de l’autre côté de la force. Ou du moins vous rendra davantage conscient de vos choix. L’auteur est américain et donc évoque l’industrie de la viande des Etats-Unis: on peut toujours se rassurer en se disant que c’est pire ailleurs. Mais Jonathan Safran Foer aborde tous les aspects de la question et donne – sans ton moralisateur- tous les arguments rationnels qui risquent de transformer un amateur d’entrecôte en pasionaria du steak au soja.
Conseil d’amie, si vous n’êtes pas sûr de vous, lisez le livre en anglais comme votre serviteur, pour vous laisser une chance de ne pas tout comprendre.
A qui l’offrir ?
A votre amie qui se déclare flexitarienne en ouvrant son jambon sous vide.
7) Eat Pray love d’Elizabeth Gilbert
Je vois d’ici votre regard méprisant. Vous pensez déjà connaître ce livre et ce qu’il raconte, parce que vous avez vu le film avec Julia Roberts. Détrompez-vous. Oui, Elizabeth Gilbert raconte comment, après son divorce, elle est partie 4 mois en Italie se nourrir le ventre, 4 mois en Inde se nourrir la tête et 4 mois en Indonésie où elle redécouvre l’amour.
Oui, vous vous attendez à un truc “nul et niais digne d’être abandonné dans un bus”, comme le dit si bien Aurore, qui fut surprise de se reconnaître dans “cette femme paumée pleine d’autodérision qui a un don certain pour raconter ses tracas, ses états-d’âmes, sa vie quoi. On peut être une femme, parler d’amour et de quête spirituelle sans être niaiseuse. Après lecture de ce livre, vous pourriez même vous mettre à parler d’énergie et de chakras, voire à croire en Dieu.
A qui l’offrir ?
A votre cousine qui part faire un tour de l’Amérique Latine avec son backpack.
8) Une mort très douce de Simone de Beauvoir
Allez ne partez pas tout de suite, on n’en avait pas encore parlé. Voici un beau livre sur la mort, ou plus exactement sur l’accompagnement d’un proche vers la fin. Ah oui, c’est joyeux. Mais c’est beau parce que Simone de Beauvoir partage admirablement dans ce livre autobiographique les derniers mois de sa mère, la difficulté d’accompagner un proche en souffrance, les rapports avec le monde hospitalier, la douleur, la perte et l’absence. En lisant la fin racontée sans faux-semblants par Simone de Beauvoir, on envisage autrement la sienne et celle de ses proches.
A qui l’offrir ?
A votre collègue hypocondriaque.Sartre disait que c’était le plus beau livre écrit par Simone de Beauvoir, précisez-le en l’offrant pour faire passer la pilule de ce titre joyeux.
9) L’apprentissage du bonheur de Tal Ben Shahar
« Le bonheur, ce n’est ni parvenir au sommet de la montagne, ni escalader ses pentes sans but, mais vivre l’expérience de l’ascension ». Évidemment, pas de classement des livres qui changent la vie digne de ce nom sans livre de psychologie positive… Au fond de vos regards dédaigneux, on devine que vous en avez bien besoin.
Ce livre donne des clés et des outils pour mieux profiter du temps présent et adopter des rituels qui changent la vie. Il a changé celle de Pauline: “Découvrir la théorie du « hamburger » m’a permis de déterminer le profil qui me correspond et selon lequel lequel je fonctionne dans la vie, entre “fonceur”, “hédoniste”, “défaitiste” ou “bienheureux” : je suis fonceur car je me fixe sans cesse des objectifs dans le futur en étant prête à subir des préjudices immédiats pour l’atteindre. Mais au final, je ne profite jamais vraiment. Ca a été un déclic pour faire évoluer cette vision et choisir des objectifs à court-terme tout en profitant du moment présent “. Si vous l’avez déjà lu, pas d’inquiétude: notre professeure du bonheur a aussi écrit “L’apprentissage de l’imperfection” ou “Choisir sa vie”. Toutes les routes mènent
« Découvrir la théorie du « hamburger » m’a permis de déterminer le profil qui me correspond et selon lequel lequel je fonctionne dans la vie, entre “fonceur”, “hédoniste”, “défaitiste” ou “bienheureux vers le bonheur, donc. »
A qui l’offrir ?
A votre ami qui se plaint parce que rien ne va dans sa vie entre son travail en CDI, son appartement en plein coeur de Paris et les cadeaux qu’on lui a offert pour Noel.
A vos amis en burn/brown/bore out qui pensent que la clé du bonheur est de partir ouvrir une ferme néorurale.
10) Entretien avec un pirate de Lamya Essemlali et Paul Watson
Alors que la Norvège vient d’augmenter le quota de baleines pouvant être harponnées dans ses eaux en 2018, partons à la découverte de Paul Watson, co-fondateur de GreenPeace et de Sea Sheperd, ONG vouée à la protection des écosystèmes marins et de la biodiversité. Paul Watson lutte pour la défense des baleines et des mammifères marins en partant du principe simple que s’ils meurent, nous mourrons. Il utilise des procédés radicaux dans son combat comme couler des baleiniers – sans faire de blessés -, ce qui lui a valu d’être sur la liste d’Interpol.
Marie raconte : “C’est la première fois que je me suis prise à admirer quelqu’un “d’extrême” avec une démarche sans concession, 100% cohérente”. Rencontre qui fut le point de départ de diverses réflexions : “Je me suis posée des questions sur la place de l’Homme et le fait qu’il se considère supérieur aux animaux, à la nature même, j’ai réalisé l’hypocrisie de nos institutions (notamment la protection des espèces), reconsidéré la place de certaines traditions (comme la pêche à la baleine) et plus largement pris conscience de la fragilité de notre écosystème.”
A qui l’offrir ?
A votre petite nièce dont le rêve est de nager avec les dauphins.
Autres livres cités
No Impact Man (sur les déchets) – par Marine
La Zone du dehors de Alain Damasio – par Marie
Sapiens et Homo Deus d’Arari – par Pauline
Guns, germs & steel de Jared Diamond – par Karine
Le monde va beaucoup mieux que vous le croyez ! de Jacques Lecomte – par Marilou Lebowski